Lors d’une rencontre Algolit à Nantes, Nicolas Malevé a partagé des idées qu’il avait ressemblées pour un cours à l’ERG.
Algoritme?
Il s’agit d’un phénomène nébuleux dans lequel on peut se cheminer en long et en large.
Nicolas qui a vécu en tant qu’artiste l’apparition de l’internet, s’intéresse fort aux logiciels et comment ceux-ci conditionnent la manière sur laquelle les collaborations et les communautés se forment. Les logiciels qui en premier lieu correspondent à un travail de plomberie de calcul correct (ça marche ou ça ne marche pas!), représentent aussi le résultat d’une série de décisions qui ont été prises en cours de route et qui réflètent la vision du monde de ses créateurs.
Il définit l’algoritme comme un ‘bâtard’. De plus on entre dans le coeur d’un logiciel, de plus d’algoritmes on y trouve, des entités logiques et mathématiques qui ont des effets puissants. De plus en plus de choses sont décidés par les algoritmes, y inclus nos liens sociaux. Ou encore, ces instructions sociales ont des conséquences physiques importantes.
A la base de l’algoritme il y a un raisonnement abstrait, la solution d’un problème très précis à base d’une série de décisions qui sont informées par la culture du programmeur. La représentation de l’algoritme est très visuelle (cfr Google images), et donc très différente des effets de l’algoritme executé. L’algoritme offre une structure, d’où la comparaison à l’aménagement d’un appartement, qui est personnel en fonction de ton comfort.
Source: Donald Knuth, The art of computer programming
De Quicksort à PageRank
Pendant la guerre froide, parmi des milliers d’algorithmes possibles pour trier une quantité de chiffres, le quicksort algorithm est né pendant une discussion entre des mathématiciens russes et américains qui partageaient le même ‘jeu d’esprit’. Ce pli dans l’histoire est assez remarquable quand on pense à la façon sur laquelle les algoritmes se construisent aujourd’hui au sein du monde corporatif.
Avec l’apparition d’internet, on a vu naître les algorithmes d’intelligence collective. Ils intègrent une qualité hautement performatique ainsi qu’une organisation politique fortement hiérarchisée. Ils collectent tous les documents sur le web et pour chaque document ils calculent la fréquence des mots, la position des mots (en sachant que les mots les plus importants se trouveront toujours au début du document) et la distance entre les mots.
Avec Page Rank (Google) une autre série de critères est rajoutée à cette algoritme collective. Une de ces critères est la quantité de liens d’un documents vers d’autres. Chaque nouveau lien rajoute de la valeur. Un lien = un vote!
Chouette, c’est démocratique!
Mais hélas, le PageRank nous offre une perspective particulière sur la démocratie, puisque pour lui, il existe des votes plus ou moins importants. La quantité de clicks sur un lien fait monter le vote, de sorte qu’un lien de CNN vers ton site vaudra plus qu’un lien de la page d’un copain non connu…
D’autres critères se rajoutent à celui-ci. En plus, l’algorithme est breveté et donc pas consultable, ce qui signifie qu’il devient de plus en plus opaque et que nous, en tant qu’utilisateurs qui vivent dans une culture algoritmique globalisée, on se retrouve dans un système dans lequel on travaille pour l’algoritme (chaque click peaufine sa performance), qui nous créera un profil de plus en plus précis, afin de nous offrir un monde virtuel adapté, une bulle qui prédit nos envies, et dans laquelle on définit nos choix et qu’on prend nos décisions. C’est comme un oracle, sauf que l’oracle dépend de nos activités et qu’il nous offre donc de moins en moins de surprises.
Ou comment un outil qui nous ouvre au monde et aux connaissances, rique de nous enfermer de plus en plus.
Déchéminements
Lors de cette présentation on s’est engagé dans d’autres cheminements critiques, historiques, politiques…:
– Schmoogle de l’artiste Tsila Hassine: rend les résultats de la recherche en ‘random’
– la cartulaire Abbaye de Redon: notule d’un système de recensement de la population
– Emannuel Todd, analyse l’organisation familiale afin de comprendre la politique, mais on se rend compte que les sources de documentation de poids qu’il a utilisées sont celles de la bourgeoisie; d’où l’observation que la construction/création/l’effet dépend du choix du corpus avec lequel on décide de travailler!
– David Link, machine à prédiction islamique Ahmad al-Bün
– Eliza: si on reste ambigue dans le language, on peut créer des bots qui semblent ‘intelligents’, Eliza reprend un mot et le tourne en question, il n’y a aucun lien réel au contenu, on phrase, c’est ‘l’usage phatique’ de la langue : ça va? oui
* Bernard Shaw, Pygmalion
* Mrs Dooliddle: femme parle comme un bot
– film Pi: dans le Thora chaque lettre est un chiffre
– Christopher M Kelty, Two Bits, the cultural significance of free software, Duke University Press 2008
– George Dyson, Turing’s Cathedral
[…] de l’algoritme, suite à un cours qu’il a donné à l’ERG, The Networked Social. Voici un aperçu des idées présentées. Comme selon Donald Knuth, on doit ‘voir l’algoritme pour le croire’ Nicolas nous […]